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Grincement. Tu ne savais que trop bien ce que ce grincement signifiait. *’Tain, qu’est-ce qu’ils me veulent encore, j’ai déjà eu ma ration. J’peux même pas avoir la paix en tôle.* Tu aurais voulu leur cracher à la figure. Tu détestais ces quatre murs que tu connaissais par coeur. Déjà que tu ne supportais pas l’enfermement sur l’Arche, te retrouver coincée entre ces quatre murs t’était de plus en plus insupportable. Mais tu ne voulais pas que l’on voit à quel point cette prison te peinait. *Comme s’ils en avaient quelque chose à foutre de ce que je penses. Mais je ne donnerais jamais à personne la satisfaction de me voir pleurer ou paniquer.* Je peux t’assurer que tu ne trompais personne, avec ton air hagard. Ce regard perdu, tu n’arrivais pas à le contrôler. Tout comme ton souffle irrégulier. Tout ce que tu arrivais à faire, c’était contrôler ta voix afin qu’elle ne tremble pas. « Qu’est-ce que vous m’voulez ? Encore besoin de conseils pour savoir quelle plante pourrait aider votre machin à fonctionner correctement ? Dommage, y en a pas contre la connerie… » Le coup avait été si rapide que tu ne l’avait pas vu venir. Un sourire triomphateur éclaira ton visage. Lui. C’était lui qui avait perdu son calme en premier. Une main sur ta joue, tu ne pouvais t’empêcher de ressentir avec une certaine joie la douleur qui élançait ton visage. Tu l’aimais cette douleur, elle te permettait de te concentrer exclusivement sur elle. Finit la peur, la claustrophobie, la déception, la nostalgie. Tout ce que tu ressentais, c’était la douleur qui irradiais ton visage. « Détenue 142, sortez de la cellule. » Le visage du garde était redevenue neutre. La douleur n’était pas assez forte pour t’empêcher de ressentir l’appréhension qui te noua soudainement l’estomac. *Quoi ?! C’était pas l’moment ! Ils pouvaient pas m’éjecter…* Alors que tu te concentrais sur l’idée de ne pas montrer ta peur, le garde se pencha vers toi avec ce sourire que tu détestais. Celui du vainqueur. « Heureusement, je vais plus avoir à revoir ta sale face, pétasse. Laisse moi seulement me réjouir de te faire ça une dernière fois… » Sur ces mots, il utilisa son arme pour t’électrocuter. Alors que tu tombais, il en profita pour t’assommer. La dernière chose que tu entendis, ce fut la voix du garde expliquant que tu avais essayé de résister. *Menteur…*

***

Cela faisait bien longtemps que tu savais que tu risquais de finir tes derniers heures en prison. Depuis combien de temps exactement avais-tu eu ce sentiment ? Mmmh, je ne pourrais le dire. Mais tu n’as jamais été une parfaite petite citoyenne de l’Arche. *D’un autre côté, j’avais pas envie d’être une parfaite citoyenne de l’Arche !* Et cela, je ne pouvais pas t’en vouloir. Ton père avait été éjecté juste avant ta naissance. Tout ça parce qu’il avait volé des médicaments à la section médicale pour aider ta mère qui avait une grossesse difficile. *Et après on nous ventait à l’école l’équité et la justice de l’Arche. N’importe quoi ! Etre tué pour avoir voulu aider sa femme, j’appelle pas ça de la justice.* Pour une fois, j’étais assez d’accord avec toi. Bien que pour moi, cette raison ne me semble pas suffisante pour expliquer certain de tes penchants. Mais ce n’est que mon humble avis. *Alors ferme-la et arrête de t’improviser psychologue à deux balles !* Ah ! et quel charmant caractère. C’était déjà l’une des choses qui t’avait distingué quand tu étais petite. Ca et ta passion pour les plantes. En effet, ta mère faisait partie de la section agro. C’était également là-bas que vous aviez un petit appartement, ta mère et toi. Bref, il semblait logique que tu ai un penchant particulier pour les plantes. Mais tu ne les appréciaient tant pas pour leur beauté que pour leurs effets. Tu avais toujours été épaté de voir comment les médecins en utilisaient certaines pour soigner. La seule chose qui te rendait légèrement différente, c’est que tu t’intéressa assez tôt à leur capacité à tuer. Cette fascination avait une origine toute simple : la célèbre histoire de Socrate. Et de sa mort. Depuis, tu fis tout pour connaître les antidotes aux poisons… et bien sûr aux poisons eux-même. Les deux n’allaient pas ensemble. Ce que tu aimais dans le poison, c’était que, peu importe ta force, le seul moyen d’y résister était d’avoir l’antidote. *Bah ouais, pas besoin d’être un gros tas de muscle pour être efficace.*

Seulement, pourquoi une fillette de 10 ans à peine voulait pouvoir se défendre ? Après tout, ta mère était connue pour sa douceur, sa gentillesse et… *Sa faiblesse, oui.* Ah, c‘était donc ça. Oui, ta mère n’avait pas ta force de caractère. Depuis la mort de ton père, c’était devenue une cible facile. Crédule, peureuse, faible… Or, souvent, elle volait un peu de nourriture pour toi, pour te faire plaisir. Rien de bien méchant, une pomme, quelques cacahuètes, du soja… Mais elle se fit prendre par un garde qui utilisa sa faiblesse pour la faire chanter et profiter d’elle à des fins on ne peut plus personnelles. Tu n’avais que 8 ans quand ce garde, Yasen, entra dans ta vie. *Ce con a cru qu’il pourrait se faire passer pour un ami d’enfance de ma mère.* Qu’est-ce que tu en sais, c’était peut le cas. Enfin, disons que comme leurs ébats n’étaient pas très silencieux, tu sus assez rapidement les raisons de ses visites. Et tu détestais ça, voir ta mère soumise et toi qui ne pouvais rien faire. Au début, tu as pris sur toi, tu te taisais, mais au bout d’un an, tu commença à le chercher. La première fois parce que c’était un jour sans et que sa venue fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Alors il te frappa, une fois, deux fois, trois fois. *Et il y allait pas d’main morte. Cette brute s’en foutait que j’sois qu’une gamine.* N’empêche, tu découvris que cette douleur, elle te faisait du bien. Tu avais l’impression de partager la douleur de ta mère. D’être punis parce que tu n’arrivais pas à l’aider. Et surtout… tu oubliais. Pendant le temps où tu souffrais, tu ne ressentais que cette douleur.

Depuis ce moment, tu devins beaucoup plus casse-cou. Et violente aussi. Pas forcément par méchanceté, mais tu ne comprenais pas que certains supportent moins bien la douleur que toi. Finalement, tu te rendis compte que te faire punir, ce n’était pas si terrible. Alors, tu commenças à désobéir aux lois, d’abord en distribuant des plantes en échange d’autres services. *Ouais, à ce moment-là, j’étais encore jeune et inexpérimenté, c’était un bon coup d’passer par moi. Mais j’appris vite les filons du métier.* Moui, tu arrivas à rendre service à quelques gardes déjà corrompu, et surtout… grâce à ton âge, on ne se méfiait pas vraiment de toi. Bien sûr, tu ne dis jamais rien de ce trafic à ta mère. Peut-être qu’elle était au courant. Tu as toujours espéré que non, mais il t’était difficile de lui cacher quoi que ce soit. Pour le moment, tu n’avais pas trop dépassé les limites, tu savais que tu pourrais espéré être graciée si jamais tu étais prise. Mais alors que tu eux 12 ans, un homme que tu ne connaissais pas te demanda de lui donner le poison le plus difficilement repérable que tu connaissais. Allais-tu le lui donner ? Tu n’hésita pas longtemps. Tu n’étais proche de personne à part de ta mère, tu avais toujours détesté l’Arche, et tu n’avais, au fond, rien à faire des autres que tu ne connaissais pas. *Après tout, il pouvait bien faire c’qu’il voulait avec, mon seul problème, c’était ce que ça allait m’apporter.* En fait, tu ne demanda qu’une seule chose : un échantillon du sang de la victime, ainsi qu’une liste de ses symptômes. De tout façon, c’était ce qui équivalait le mieux au service que tu rendais à cet homme, et le plus sûr pour toi, celui qui était le plus discret. Depuis, tu continuais tes petites affaires, fournissant quelques fois un poisons à un demandeur et approfondissant tes connaissances. Evidemment, tu savais que ça n’allait pas durer, mais… tu t’en fichais. Sans doute parce que tu ne te trouvais déjà aucun avenir sur cette Arche, qui était plus une prison qu’autre chose. Il n’y avait que ta mère qui faisait que tu essayais de te montrer la plus prudente possible. Sans ça, cela aurait fait bien longtemps que tu te serais faite prendre. Mais plus les années passaient, plus tu savais qu’a un moment, tu ne serais pas assez prudente.

Alors quand la garde vint chez toi pour t’arrêter, on ne peut pas dire que tu fus bien surprise. Tu n’eux que le regret de voir ta mère pleurer et te soutenir. Dire que tu n’avais rien fait. Sommes toutes, tu ne fis pas d’éclat, suivis la garde et appris qui t’avais dénoncé. *Ce qui m’faisait le plus chier, c’était que cette balance m’avait juré de garder le secret. Et dire que la garde attendait que je lui livre mes clients, surtout ceux qui ont demandé à avoir le poison. Qu’elle aille se faire voir, j’avais promis de rien dire et je ne dirais rien.* Ce fut ta seule consolation. Parce que tu savais que tu allais être enfermée dans une pièce pendent au moins 3 ans. *Ils auraient pu m’éjecter direct, on ne me pardonnera jamais mes crimes… Mais non, ils voulaient se faire une conscience en tuant que les adultes. Bande de cons.* Enfin, tu fis rapidement la rencontre de ce qui allait devenir ton nouveau chez toi. Et l’un de tes gardes principaux. Yasen. *Putain que l’monde est petit…* Il devait penser la même chose et trouver la situation très comique, parce qu’il t’embêtait le plus souvent possible. Et il découvrit une jeune femme au corps plutôt attirant. Inutile d’épiloguer sur ce qu’il te fis. Moi, ce qui m’intéresse, c’était plutôt le fait que tu aimais ça. Cette violence qu’il y avait pendant vos rapports. C’était comme si tu menais un combat contre lui. Le seul moment où tu pouvais lui donner des coups même s’il te les rendait en trois fois plus fort. Et puis, la douleur, tu n’avais rien contre. C’était d’ailleurs la seule chose qui te fis sentir vivante durant ton emprisonnement. Ca et les quelques visites de ta mère.

***

Mal… à la tête. Où est-ce que tu étais ? Une navette ? Attachée ? *C’était quoi ce délire ?!* Alors que tu essayais de tout faire pour ne pas paniquer à l’idée que tu étais encore plus enfermé que d’habitude, l’écran s’alluma sur le visage du chancelier. La Terre ? Vous alliez aller sur la terre ? Fini l’Arche ? Ca valait bien la peine d’être attaché pour quelques heures maximum. C’était la première fois depuis… depuis tellement d’années que tu ressentais une telle excitation. Levant les mains en l’air, tu poussas un cris de joie. Peu importe si vous mourriez, de toute façon, tu étais condamnée. *Mais mourrir sur terre, c’était vachement mieux que voir ses derniers instants dans un sas, avec la tête de ceux qui m’avaient condamnés.* La descente fut un moment magique et terrifiant pendant lequel tu imaginas à quoi ressemblait cette planète si idéalisé.

***

En quarantaine. Voilà où tu étais. *Génial, je quitte une prison, pour me retrouver à nouveau coincée entre quatre mur. Et en plus, avec plein d’autres inconnus. Mais c’est l’éclate la Terre dites-donc…* Enfin, tu avais décidé de faire profile bas pour le moment. Et cela semblait plutôt bien marcher. Tu avais même aidé pour certaines taches. Et tu avais informé les hommes du Mount Weather que tu savais t’y faire avec les plantes. Que ce soit pour les cultiver ou pour les utiliser. *Après tout, ils n’avaient pas besoin d’en savoir plus.* D’une  certaine façon, t’occuper n’était pas plus mal. Cela te permettait d’éviter de paniquer ou de péter un câble à cause de ton enfermement. Ou tout simplement des autres.

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Tu commençais à en avoir marre des désillusions. Une fois sortie de quarantaine, tu avais découvert que tu ne pouvais pas sortir du Mount Weather. C’était trop « dangereux ». *Qu’ils aillent se faire voir ! Comme si je comptais passer ma vie enfermer !* Mais puisque tu avais décidé que le meilleur moyen de te sortir d’ici, c’était d’en savoir plus sur le lieux où tu étais, tu avais décidé de t’intéresser à l’histoire de cet endroit. Tu avais même suivi des cours. Qui ressemblaient étrangement à ceux de l’Arche, sauf qu’ils étaient en faveur du Mount Weather. *Le même blabla que l’Arche. Comme si ça allait m’inciter à rester bien sagement ici. Cet endroit est pas mieux que celui que je viens de quitter.* Mais tu devais bien avouer que pour le moment, personne ne t’avait fait de mal. Donc, tu restais tranquille. Tu te contentais d’obtenir le plus d’informations possible sans transgresser les lois. Au pire, si cet endroit était vraiment le meilleur refuge possible, tu n’auras rien fait de mal…