« À ton avis Rider, on dira quoi quand on sera plus vieux ? » Il avait tourné le regard vers la jeune femme. Âgé de seize ans, il était déjà amoureux. Premier amour, beau et doux, l'amour le plus tranchant, l'amour le plus violent. Il n'avait jamais essayé de l'être. Tomber amoureux, cette expression sonnait fausse à ses oreilles. Il n'était pas tombé, il avait juste eu un coup de cœur pour une adolescente, douce et parfaite. « J'en sais rien Angie. Peut-être.. Je suis né sans avoir vu le ciel. Aujourd'hui je peux vous dire que de ma vie entière je ne l'ai encore jamais vu. Je vis dans le Mont Weather, j'y ai toujours vécu. Et aujourd'hui j'y meurs. » La jeune femme assise derrière lui avait ouvert grand la bouche et l'avait frappé violemment sur la tête, là où elle avait passé ses doigts quelques secondes avant. Il avait seulement grogné, et il s'était tourné vers elle. Elle lui avait sourit, il avait affiché une mine boudeuse. « T'es chiant Rider. On arrivera à sortir. On verra le ciel, on pourra sentir l'odeur du véritable air. On y arrivera, rappelle toi de ce que je t'ai dis. » Il avait regardé les grands yeux verts de la jeune femme brune, il avait posé ses mains sur ses joues et il hochait la tête. « Toi et moi ? » « Non, nous. » Seulement ces deux mots avaient réussi à faire sourire le jeune homme, il était amoureux. Quel beau sentiment était celui de l'amour, magnifique et doux.

« Tu veux aller la voir ? » Rider n'avait pas bougé suite à ces mots. Il avait seulement gardé son regard fixé sur ses mains, ses mains complètement en sang. Il avait hoché négativement la tête et avait mit son visage dans ses mains, ses larmes ne cessaient pas de couler sur ses joues. « Pourquoi elle a fait ça... ? » Il avait posé sa main sur son épaule. Dix-huit ans, voilà deux ans qu'il était encore amoureux de la même jeune femme, Angie. Toujours Angie. Cependant, après quelques mois de relations ils avaient décidé que ce n'était pas pour eux. Elle était partie de son côté pour devenir scientifique, et Rider avait tenté de faire parti de la garde du Mont Weather. Cependant voilà maintenant quelques temps qu'il ne l'avait plus vue, et ce soir-là où il avait voulu aller la voir, il l'avait retrouvé dans cet état-là. Elle venait de tenter de se suicider, et il n'avait pas eu le temps de remarquer qu'elle allait mal. Finalement, il s'était levé. Il était allé s'asseoir à ses côtés, et il avait prit la main de la jeune femme dans les siennes. Pendant un long moment, il l'avait regardée. Il avait écouté son cœur battre, et finalement il l'avait vue se réveiller. Elle lui avait dit seulement quelques mots, elle était en train de mourir et il n'avait retenu que ce qu'il voulait bien entendre. « C'est de votre faute.. À tous. Je te veux hors de cet endroit Rider, et laisse moi partir. » Il n'avait retenu que qu'elle voulait le voir dehors, peu importait où. Et il était resté avec elle, même alors qu'elle s'était rendormie. Il était resté avec elle jusqu'à ne plus entendre sa respiration, jusqu'à ce que son cœur ne batte plus. Jusqu'à ce qu'elle finisse par mourir. Et même alors qu'il était amoureux d'elle, il n'avait pas pleuré.



« Vingt ans. J'ai vingt ans aujourd'hui, le jour où j'écris. Tu sais Angie, ça a bien évolué depuis que t'es plus là. Ouais, ça fait deux ans. C'est fou comme le temps passe vite, et c'est fou comme tu me manques. Tes caresses, tes baisers, tout ce qui me vient de toi me manque. Oui, tu le sais. T'étais absolument tout pour moi, et j'arrive encore pas à croire que je t'ai perdue. Mais je vais y arriver, on va y arriver. Pas toi et moi, nous. Je sortirais d'ici pour nous, je verrais le ciel et je sentirais l'odeur du véritable air. Tu t'en souviens ? On l'avait dit, on va le faire. Je vais le faire pour toi. C'est de leur faute, ils t'ont tué, leur faute. Je suis médecin, maintenant, tu sais. J'ai décidé de l'être, pour trouver de quoi nous faire sortir de cet endroit. Et puis il y a ces gens, tu vois. Ces gens venus du ciel. Le peuple du ciel, c'est comme ça que je les appelle. Ils ont atterrit sur le Mont Weather. Je suis sûr que ça t'aurais fait un truc, ça. Un peuple venu de l'espace, donc immunisé aux radiations. J'espère que tu comprends là ce que je te dis. J'les connais pas, je me fous complètement d'eux. En réalité, à la base j'en avais rien à faire. Maintenant que je t'écris, je sais. Ils sont notre clé de sortie, mon ange. Notre clé pour voir le ciel, pour sentir cet air. Pour voir le monde. Et je construirais cette clé, même s'ils doivent mourir pour ça. »