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Le vent s'était levé et la neige avait redoublé d'effort pour obstruer la visibilité de la jeune femme. Il en fallait bien plus pour décourager la belle blonde, après tout elle vivait dans ces montagnes depuis toujours. Elle en connaissait les moindres recoins ... plus ou moins. Elle avait appris tout plein de petites astuces avec son père pour ne jamais se perdre dans la montagne. Erik était l'un des meilleurs, si ce n'était le meilleur chasseur du clan de la montagne et il en savait beaucoup sur leur environnement naturel. Petite, Freyja avait été une élève assidue et cela allait lui sauver la vie maintenant. Une bref prière à l'esprit de son défunt père pour le remercier de tout ce savoir transmit et elle reprit sa marche en avant. Elle ne se laisserait pas vaincre par la montagne. Comme tous ses aïeux avant elle, la guerrière blonde sortirait vainqueur de ce combat. Elle sortirait vivante du piège que la montagne lui avait tendu. Freyja n'avait pas le choix, car elle savait que dans ce monde hostile et plus encore dans la montagne, il n'y avait pas de place pour les faibles.

Comme si la nature se sentait bafouée par l'obstination de la jeune femme à continuer sa marche en avant, la tempête redoubla de violence et les efforts de Freyja devinrent épuisant. Il fallait se trouver un petit coin pour se reposer, pour laisser le mauvais temps passer. Pour gagner, il ne fallait pas simplement de la force brut, il fallait aussi de l'intelligence et la nature testait cela en permanence. La belle blonde connaissait assez bien cette partie de la montagne, Erik venait souvent par ici pour chasser l'ours brun. Elle savait donc qu'il y avait un petit abri qui avait dû tomber en désuétude depuis la mort de son paternel.  Se fiant à ses souvenirs plus qu'à ses sens, la guerrière se dirigea vers le havre de paix. C'était une petite caverne où il y avait à peine de la place pour deux personnes et un feu de camp. C'était exactement à cet endroit qu'elle avait connu sa première chasse en compagnie de son père. Les frères quant à eux étaient partis de l'autre côté du versant de la montagne pour tenter de trouver des castors ou autres animaux à fourrure.

Freyja trouva en cet endroit un répit salvateur. Il allait falloir se passer de la douceur du feu de camp, car la jeune femme n'avait aucun moyen de réunir le bois nécessaire. Par contre, elle pouvait compter sur son fidèle Harn pour la réchauffer. La belle blonde se blotti contre le chien-loup au pelage sombre pour y trouver un peu de chaleur pour résister au froid envahissant et cela malgré les vêtements chauds qu'elle avait.  Même si ce n'était pas ceux fait par sa mère, ils étaient de bonnes qualités. Seul son manteau de fourrure était l’œuvre de sa défunte mère, une véritable artiste dans la confection de vêtements en cuir et en fourrure. Tout le monde dans le clan attendait avec une certaine impatience les jours de marché pour voir ce que la douce Astrid avait à vendre. Freyja avait assisté quelques fois à ces fameux jours de marché et cela l'avait marqué, car avec sa famille la belle blonde vivait dans la montagne et ne connaissait pas la vie "citadine" du clan. Elle avait été fascinée par ce genre de vie qui semblait si différent de la sienne dans les forêts recouvrant la montagne.

Alors qu'elle arrivait enfin à se réchauffer au contact d'Harn, Freyja se mit à penser à ces moments simples de bonheurs qu'elle avait vécu au sein de sa famille. Entre des parents aimant et des frères protecteurs. Oui, c'était le bon temps, mais cela lui fit aussi penser aux malheurs qui s'étaient abattus sur la famille ensuite. Comme ces bête-humaines qui les avaient attaquées: les reapers. La famille avait bien tenté de les repousser, mais les pertes furent lourdes. Astrid était morte, Bjorn avait disparu, Erik avait été gravement blessé au point de devenir handicapé, Frisk et Willem avaient reçu quelques vilaines "égratignures". De son côté, Freyja avait dû batailler avec deux d'entre eux pour sauver sa vie. Elle avait trouvé la force de décapiter le premier avant d’éviscérer le second. Le combat dura de longues minutes et elle commençait à sentir ses muscles perclus de douleur refuser de se mouvoir. Il fallut une détermination infini pour continuer la lutte et s'imposer. Quand elle retrouva le campement, elle ne put que constater les dégâts. A partir de ce jour, elle ne fut plus la même. Maintenant, elle se souvenait pourquoi elle était devenue une guerrière plutôt que de suivre le même chemin que son père. Pourtant, elle était plutôt douée comme chasseuse, mais cette rencontre avec les Reapers l'avait marqué de manière indélébile au point qu'elle voulait prendre les armes pour exterminer ces choses avant que d'autres familles ne vivent ce qu'elle avait connu. Elle voulait éviter aux plus jeunes de perdre leur innocence trop tôt.

A ce douloureux souvenir, une larme unique coula sur sa joue gauche. Freyja n'était pas du genre à pleurer ou exprimer ses émotions. Cette larme chaude traça un sillon dans la crasse qui couvrait le visage de la guerrière qui n'avait pas put se laver depuis plusieurs jours. Cela permettait de mettre à jour une peau blanche comme la neige et qui semblait être d'une infini douceur. Alors, que son esprit vagabondait entre les mondes de la réalité et des rêves, la belle blonde fut ramenée sur Terre par les grondements sourds d'Harn. Il avait certainement repéré un danger. Il fallait dire que les Reapers traînaient souvent dans ce coin de la montagne. Ce n'était pas loin de là qu'elle retrouva son frère Bjorn. Il avait bien changé, il était devenu un de ces monstre sanguinaire. Une lutte acharnée s'engagea ce jour-là entre le frère et la sœur, mais aussi entre la raison et le cœur de la jeune femme qui avait bien du mal à admettre qu'il fallait éliminer ce "monstre". Finalement, après un combat d'une dizaine de minutes, elle porta le coup fatal en plein thorax de son ennemi. Elle le regarda mourir. Lui tentait de retenir sa vie de ses doigts qui convulsaient comme le reste de son corps. Le calvaire était fini pour Bjorn. A ce souvenir, la belle blonde se dressa d'un bond et dégaina son épée prête à livrer combat. Qu'importe l'ennemi, elle avait perdu son innocence il y avait bien longtemps et maintenant c'était une redoutable guerrière. Elle occupait même le poste de maître d'arme, car elle était reconnue comme une des plus redoutables combattantes du clan. Elle avait un grand savoir à transmettre et avec l'imminence de la guerre, il fallait préparer au mieux les guerriers.

Tous ses sens aux aguets, elle scruta comme elle pouvait à travers la tempête de neige pour voir qui avait provoqué les grognements d'Harn. Finalement, au bout de quelques longues minutes, Freyja vit se découper une forme vaguement humaine qui titubait sous les assauts répétés du vent. Quand elle put enfin voir assez distinctement cette personne, elle reconnu un jeune chasseur du clan. Il portait les stigmate d'un violent combat. Elle se précipita en dehors de sa cachette pour venir en aide à se pauvre ère qui semblait sur le point de succomber. L'amenant à l'abri, la belle blonde commença à lui prodiguer les premiers soins. Ce n'était pas son domaine de compétences, mais en tant que guerrière, elle se devait de pouvoir faire face à des blessures bénignes afin de pouvoir continuer le combat. Dans le cas du jeune chasseur, c'était bien trop grave pour elle. Elle allait devoir faire un choix. Attendre que la tempête se calme en prenant le risque de voir le jeune homme mourir de ses blessures ou bien tenter de rejoindre le village pour qu'il reçoive les soins adéquates le plutôt possible. D'un geste sans douceur, elle prit l'homme sur ses épaules pour le porter afin qu'il économise ses dernières forces. De la sorte, ils se tiendraient plus ou moins chaud mutuellement. D'un simple sifflement, elle intima l'ordre à Harn d'ouvrir la marche pour éviter toute mauvaise rencontre. Même si avec une telle tempête, il était peu probable de croiser des guerriers d'un autre clan, Freyja savait que c'était possible. Après tout, elle avait bien déjà combattu dans les contreforts un peu plus à l'Est contre des guerriers du clan de la forêt. Comme la situation était particulièrement tendue, il n'était pas impossible de croiser certain des leurs hommes par ici. Des éclaireurs ou des espions pour préparer une attaque d'envergure. Rien n'était impossible et c'était bien pour cela qu'elle patrouillait régulièrement avec d'autres guerriers du clan.

La progression fut particulièrement difficile et plus d'une fois le vent avait presque réussit à déséquilibrer la jeune femme et son "fardeau". Le temps s'écoula avec une lenteur incroyable et chaque pas pour avancer était une épreuve terrible pour la jeune femme qui commençait elle aussi à ressentir les effets de la fatigue. Ceci dit, comme à son habitude, elle continua à avancer parce qu'elle l'avait décidé. Même la nature toute puissante ne pouvait rivaliser avec la farouche détermination de la jeune femme. On ne savait pas où elle pouvait puiser toute cette force, toute cette énergie, mais rien ne pouvait l'arrêter quand elle avait un objectif. Elle allait toujours jusqu'au bout de ses forces et même au-delà quand cela était nécessaire. La tempête commençait doucement à se calmer quand les premiers rayons de l'astre solaire pointèrent timidement le bout de leur nez. Tout d'un coup, les ténèbres laissèrent place à une éclatante et pure lumière qui se reflétait sur la neige. Le spectacle en était aveuglant. Pour la première fois depuis cette longue marche, Freyja pouvait enfin ressentir la douce lumière du soleil flatter sa peau et une vivifiante sensation de chaleur se répandre le long de son corps. Malgré la fatigue, elle continua à avancer d'un pas déterminer en direction du village. Il devait rester environ une centaine de mètres quand elle commença à sentir son corps la lâcher, mais Harn avait fait ce qu'il fallait en allant prévenir les villageois. Ils arrivèrent pour prendre soin du blessé et aider la jeune femme à rejoindre sa demeure. Elle avait bien besoin de repos et ne se réveilla que sur les coups de midi. La guerrière était percluse de courbatures et des douleurs lancinantes la parcourrait. Il en fallait bien plus pour la clouer plus longtemps au lit. Elle se leva et alla prendre des nouvelles de celui qu'elle avait trimballé sur son dos pendant toute la nuit, puis elle se dirigea vers le logement du chef de clan pour lui faire un rapport sur sa patrouille.